Dilution et relution : 2 concepts financiers à maîtriser
La dilution et la relution sont deux notions centrales en finance d’entreprise qui influencent directement la valeur des actions d’une société ainsi que les décisions stratégiques des dirigeants. Que ce soit lors d’opérations de fusions-acquisitions, d’émissions d’actions ou de levées de fonds, il est essentiel de bien comprendre ces concepts pour optimiser la création de valeur à long terme.
Qu’est-ce que la dilution en finance ?
En finance d’entreprise, la dilution est un phénomène qui se produit lorsqu’une société décide d’émettre de nouvelles actions. Cette augmentation du nombre total d’actions en circulation a pour conséquence directe de réduire la part de propriété de chaque actionnaire existant.
Prenons un exemple concret pour bien comprendre. Imaginons une entreprise dont le capital est composé de 1 000 actions. Si vous en détenez 100, votre participation s’élève à 10% du capital. Maintenant, supposons que la société réalise une augmentation de capital et émet 1 000 actions nouvelles. Le capital compte désormais 2 000 actions, mais vous en possédez toujours 100. Votre participation a donc été « diluée« , passant de 10% à 5%.
Cette dilution de la participation s’accompagne souvent d’une diminution de la valeur de chaque action. En effet, la valeur des titres de l’entreprise ne change normalement pas immédiatement après une émission de nouvelles actions. Cette même valeur doit maintenant être répartie entre un nombre accru d’actions. Ce qui mathématiquement fait baisser le prix de chaque titre.
Il est important de noter que la dilution n’est pas nécessairement négative. Si les fonds levés par l’émission d’actions sont utilisés de manière pertinente, pour financer une croissance rentable ou une acquisition stratégique par exemple, ils peuvent créer de la valeur qui, à moyen long terme, compensera, voire surpassera l’effet dilutif initial.
Qu’est-ce que la relution en finance ?
À l’opposé de la dilution, la relution est une augmentation de la valeur par action. Ce phénomène positif pour les actionnaires peut se produire dans différentes circonstances.
Le rachat d’actions est l’une des opérations les plus classiques pour générer de la relution. Quand une entreprise rachète ses propres titres sur le marché, elle réduit le nombre total d’actions en circulation. Mécaniquement, cela augmente la valeur de chaque action restante, puisque la valeur de l’entreprise est répartie entre moins de titres. Bien sûr, pour que l’opération soit relutive, il faut que le bénéfice de la société ne soit pas trop affecté par l’utilisation de cash pour le rachat d’actions.
La croissance des bénéfices est une autre source majeure de relution. Si le résultat net de l’entreprise augmente, sans modification du nombre d’actions, le bénéfice par action (BPA) progressera d’autant. Cela rendra chaque titre plus attractif, entraînant logiquement une appréciation de sa valeur. Cette croissance des profits peut résulter d’une hausse des revenus, d’une réduction des coûts ou encore d’une acquisition relutive. C’est-à-dire d’une opération de croissance externe dont le coût (en termes de BPA) est inférieur aux bénéfices supplémentaires qu’elle génère.
Comment se produisent la dilution et la relution ?
La dilution survient dans plusieurs situations courantes pour une entreprise :
- Lors d’émissions d’actions destinées à lever des fonds ou financer une acquisition.
- Quand des plans d’options ou d’actions sont mis en place pour rémunérer les employés, créant de nouvelles actions qui diluent les participations existantes.
- Dans le cadre de SPAC (Special Purpose Acquisition Company) et de levées de fonds qui peuvent parfois entraîner une dilution importante.
De son côté, la relution est généralement le fruit d’une stratégie proactive de la part de l’entreprise. Elle peut résulter d’un rachat d’actions, qui réduit le nombre total de titres en circulation et augmente mécaniquement la valeur des actions restantes. Une amélioration des bénéfices par action (BPA) supérieure aux attentes du marché générera aussi un effet relutif.
Évaluer l’impact dilutif ou relutif d’une opération de M&A
Lors d’une fusion-acquisition, l’indicateur clé pour déterminer si la transaction aura un effet dilutif ou relutif est donc le bénéfice par action (BPA). Il faut pour cela comparer le BPA avant et après l’opération :
- Si le BPA est supérieur post-transaction, l’opération est relutive.
- À l’inverse, une baisse du BPA indique que l’opération est dilutive.
Exemples chiffrés de dilution et relution
Prenons le cas d’une entreprise qui émet 1 million d’actions supplémentaires pour lever 10 millions d’euros, alors qu’elle avait 5 millions de titres en circulation initialement. Cette opération réduit de 20% la part de chaque actionnaire existant, créant un effet dilutif.
À l’inverse, imaginons que cette même société utilise ensuite 5 millions d’euros pour racheter 500 000 de ses propres actions. Cela diminuera le nombre total de titres en circulation et augmentera automatiquement le BPA, générant cette fois un impact relutif.
Ça se sont les exemples faciles à comprendre mais ce qui nous intéresse c’est de savoir si une acquisition peut avoir un impact relutif ou dilutif.
Acquisition 1 : Une entreprise A avec un BPA de 2€ acquiert une entreprise B. Avant l’opération, A compte 10 millions d’actions. Pour financer l’acquisition, elle émet 2 millions d’actions nouvelles. Après l’intégration de B, le bénéfice net combiné permet d’atteindre un BPA de 2,20€. Cette augmentation du BPA de 0,20€ montre que l’opération est relutive pour les actionnaires.
Acquisition 2 : Une société C avec un BPA de 3€ rachète une société D en émettant 5 millions d’actions nouvelles, s’ajoutant aux 15 millions existantes. Suite à l’acquisition, le BPA combiné chute à 2,50€. Cette baisse de 0,50€ du BPA indique que l’opération est dilutive pour les actionnaires existants.
Les enjeux de valorisation liés à la dilution et la relution
Si une dilution raisonnée permet à l’entreprise d’accéder à des fonds pour financer sa croissance ou des acquisitions stratégiques et ainsi renforcer ses capacités d’innovation ou d’expansion, une dilution excessive peut rapidement devenir problématique. Une réduction trop forte de la valeur par action risque de miner la confiance des investisseurs et de mettre le cours de bourse sous pression.
Pour éviter ce piège, les entreprises doivent, dans la mesure du possible :
- Planifier rigoureusement leurs besoins en capitaux pour ne pas diluer les actionnaires trop souvent
- Recourir à la dette plutôt qu’aux actions pour le court terme
Mise en pratique : les contextes où la dilution et la relution sont les plus pertinents
Les concepts de dilution et relution sont très fréquents dans l’actualité financière. Ils surviennent notamment :
- Pour les start-ups en hyper-croissance qui lèvent régulièrement des fonds en émettant des actions. L’enjeu est alors de doser finement la dilution pour rester attractif auprès des investisseurs.
- Dans le cadre de SPAC, où les premiers investisseurs acceptent une dilution initiale en tablant sur une forte croissance future.
- Lors d’émissions d’actions destinées à financer des projets de développement ambitieux ou renforcer les fonds propres.
Bien comprendre et gérer la dilution et la relution est donc essentiel. Cela passe par le fait d’analyser finement les indicateurs clés comme le BPA ou la structure de financement. L’objectif : trouver le juste équilibre entre la croissance de l’entreprise et la préservation des intérêts des actionnaires existants.
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