Lexique M&A : Guide pratique pour maîtriser le jargon des fusions-acquisitions

Le M&A (Mergers & Acquisitions) couvre l’ensemble des opérations de rapprochement entre entreprises. Un analyste M&A intervient à chaque étape du processus de transaction. De l’identification des cibles potentielles jusqu’au closing, en passant par la valorisation et la structuration de l’opération. En discutant avec certains candidats, on constate régulièrement que la maîtrise du vocabulaire technique constitue une première barrière. Voici donc un guide pratique pour décrypter les termes essentiels des fusions acquisitions.

Lexique M&A

 

Le Build-up

Le build-up représente une stratégie sophistiquée de croissance externe où une entreprise, souvent soutenue par un fonds d’investissement, réalise des acquisitions dans un même secteur. L’objectif est souvent de créer un leader sectoriel en exploitant les synergies entre les différentes entités acquises.

Prenons l’exemple du secteur des services informatiques. Une ESN (Entreprise de Services Numériques) peut acquérir successivement des sociétés spécialisées en cybersécurité, cloud computing et développement logiciel. Chaque acquisition renforce non seulement la gamme de services mais permet aussi d’optimiser les coûts de structure. Voire même d’accroître le pouvoir de négociation avec les clients et fournisseurs.

 

L’échange d’actions

L’échange d’actions constitue une alternative au paiement en numéraire. Dans ce schéma, les actionnaires de la société cible reçoivent des actions de l’acquéreur en échange de leurs titres. Cette structure présente plusieurs avantages fiscaux et stratégiques.

Le cas emblématique d’AOL-Time Warner en 2000 illustre parfaitement ce mécanisme. AOL a utilisé ses actions, alors très valorisées pendant la bulle internet, pour acquérir Time Warner dans une transaction estimée à 182 milliards de dollars. Bien que cette fusion soit devenue un cas d’école d’échec stratégique, elle démontre la puissance de l’échange d’actions comme outil de M&A.

 

Earn-out

L’earn-out constitue l’un des mécanismes les plus sophistiqués du M&A. Ce complément de prix conditionnel permet d’aligner les intérêts des deux parties en indexant une partie du prix d’acquisition sur les performances futures de l’entreprise.

Dans la pratique, un earn-out prévoit généralement des paiements échelonnés sur 2 à 3 ans. Il peut se calculer sur des critères de performance prédéfinis comme l’EBITDA ou même des indicateurs opérationnels spécifiques. Par exemple, un earn-out pourrait représenter 30% du prix total, payable en fonction de la croissance de certains KPIs.

La clé d’un earn-out réussi réside dans sa rédaction. Les métriques doivent être clairement définies, mesurables et auditables. L’expérience montre que les litiges surviennent souvent autour de l’interprétation des indicateurs ou des retraitements comptables. Un point juridique important est d’essayer de prévoir un mécanisme d’arbitrage en cas de désaccord.

 

SPA (Sale and Purchase Agreement)

Le Sale and Purchase Agreement (SPA) est le contrat juridique principal qui formalise et régit une opération de fusion-acquisition entre un acheteur et un vendeur. Ce document légal fondamental définit l’ensemble des conditions de la transaction. Il inclue le prix d’achat, les modalités de paiement, les garanties accordées par le vendeur, les conditions suspensives, et les mécanismes d’ajustement de prix. Le SPA constitue la pierre angulaire juridique de toute transaction M&A. C’est pourquoi il peut parfois atteindre plusieurs centaines de pages dans les opérations complexes.

Les garanties de passif constituent souvent le cœur des négociations. Elles protègent l’acquéreur contre des risques non identifiés lors de la due diligence : litiges fiscaux, contentieux sociaux, problèmes environnementaux…

 

Le Golden Parachute

Un golden parachute est une clause contractuelle spécifique qui garantit à un dirigeant d’entreprise des avantages financiers significatifs en cas de départ consécutif à un changement de contrôle de la société. Ces avantages peuvent inclure des indemnités de départ, des actions gratuites, des stock-options ou d’autres compensations financières.

Les golden parachutes sont devenus un sujet sensible dans le monde du M&A. Typiquement, un golden parachute peut représenter 2 à 3 ans de rémunération totale, incluant salaire, bonus et avantages. Les montants peuvent atteindre plusieurs millions d’euros pour les dirigeants de grandes entreprises cotées. Cette pratique, bien qu’efficace pour la rétention des talents, soulève régulièrement des débats sur la gouvernance d’entreprise.

 

La Break Fee

Une break fee, ou indemnité de rupture, est une clause contractuelle qui oblige une partie à verser une compensation financière prédéterminée à l’autre partie si la transaction échoue pour certaines raisons spécifiques. Cette indemnité, souvent comprise entre 1% et 5% de la valeur totale de la transaction, vise à protéger la partie lésée contre les coûts et le temps investis dans une opération qui n’aboutit pas.

La break fee fonctionne donc comme une police d’assurance dans les transactions M&A. Le cas récent de l’abandon de la fusion entre Nvidia et ARM illustre parfaitement l’importance de ce mécanisme. Face aux obstacles réglementaires, Nvidia a dû verser une break fee substantielle à Softbank, compensant partiellement les coûts et le temps investis dans l’opération.

 

Bidding War

Une bidding war désigne une situation concurrentielle où plusieurs acquéreurs potentiels se disputent le rachat d’une même entreprise cible, conduisant à une surenchère progressive des offres. Cette compétition intense entre acheteurs peut faire grimper significativement le prix d’acquisition, parfois bien au-delà des valorisations initiales.

La bataille entre Microsoft et Amazon début 2022 pour l’acquisition d’Activision Blizzard illustre parfaitement ce phénomène. Microsoft a finalement remporté la mise avec une offre à 69 milliards de dollars, soit une prime de plus de 45% par rapport au cours de bourse avant l’annonce. Cette guerre d’enchères a créé une forte valeur pour les actionnaires d’Activision, tout en soulevant des questions sur le prix payé par Microsoft.

 

Reverse Takeover

Le reverse takeover, également appelé reverse merger, est une opération par laquelle une société privée accède à la cotation en bourse en acquérant une société déjà cotée, généralement une « coquille vide ». Cette technique permet de contourner le processus traditionnel d’introduction en bourse (IPO), qui est souvent plus long, coûteux et incertain.

Dans la pratique, un RTO se déroule en plusieurs étapes. D’abord, la société privée identifie une cible cotée appropriée, souvent une entreprise dormante ou en difficulté. Ensuite, elle acquiert le contrôle de cette société via un échange d’actions. Les actionnaires de la société privée deviennent alors majoritaires dans l’entité cotée. Le cas de Virgin Galactic, qui a utilisé un RTO en 2019 pour accéder au NYSE via un SPAC, illustre la sophistication croissante de ces opérations.

Qu’est-ce qu’un SPAC ? Retrouvez notre article complet sur le sujet et les différences entre SPAC et IPO traditionnelles.

 

Spin-off

Un spin-off est une opération de scission par laquelle une entreprise sépare une de ses divisions ou activités pour en faire une société indépendante. Généralement en distribuant les actions de la nouvelle entité à ses actionnaires existants. Cette restructuration permet à chaque entité de se concentrer sur son cœur de métier.

Le spin-off de PayPal par eBay en 2015 constitue un exemple emblématique. Cette séparation a permis à PayPal de développer sa propre stratégie dans les paiements numériques. Tandis qu’eBay se recentrait sur son activité de marketplace. Depuis leur séparation, les deux sociétés ont connu des trajectoires boursières très différentes, validant la pertinence stratégique de l’opération.

 

Joint Venture

Une joint venture est une entité juridique créée conjointement par deux ou plusieurs entreprises qui restent par ailleurs indépendantes. Cette structure permet de partager les investissements, les risques et les expertises sur un projet ou un marché spécifique, tout en préservant l’autonomie des sociétés mères.

Le cas de Stellantis-CATL en est une parfaite illustration. Ces deux géants ont créé une JV et annoncé fin 2024 investir jusqu’à 4,1 milliards d’euros pour construire une gigafactory de batteries. Ils combinent ainsi l’expertise automobile de Stellantis avec le savoir-faire technologique de CATL. L’investissement et les risques sont partagés, chaque partenaire apportant ses compétences distinctives et sa capacité d’investissement.

 

La clause MAC (Material Adverse Change)

La clause MAC est une disposition contractuelle qui permet à l’acquéreur de se retirer d’une transaction si un événement significativement négatif affecte l’entreprise cible entre la signature et la finalisation de l’opération. Cette clause protège l’acheteur contre des détériorations majeures et imprévues de la situation de la cible.

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’importance des clauses MAC. Plusieurs acquéreurs ont tenté de les invoquer pour renégocier ou annuler des transactions. L’exemple le plus notable est celui de LVMH qui a initialement cherché à se retirer de l’acquisition de Tiffany en 2020, avant de finalement renégocier le prix à la baisse. Cette situation a généré une importante jurisprudence sur l’interprétation des clauses MAC en période de crise.

 

Conclusion du lexique M&A

La maîtrise du vocabulaire technique est indispensable pour évoluer dans l’univers complexe des fusions-acquisitions. Au-delà des définitions, chaque terme reflète des enjeux stratégiques et opérationnels majeurs que tout professionnel du M&A doit maîtriser.

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